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  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 21:13

http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/1073/1073380-gf.jpg

 

 

♦♦

Technique 

Esthétique 

Emotion 

Intellect   

 

 

Parmi des lectures fort diverses en ce moment (notamment l'infâme Dean Koontz jeté à la poubelle, beaucoup de bandes dessinées – on en reparlera – et un fabuleux bouquin sur l'histoire du football), j'ai réussi à me caser le petit roman de science-fiction bi-mensuel de rigueur. Un premier roman d'un jeune auteur suisse, une couverture verdâtre, une maison d'édition que je n'avais plus fréquenté depuis fort longtemps, et voilà une envie de table de librairie qui se transforme en achat compulsif. Il est parfois quelques risques à prendre pour vivre un tranquille plaisir de lecture.

 

Syn est trappeur et ancien soldat dans un monde post-apocalyptique, monde qui ne se souvient guère des métropoles ou des bagnoles d'antan, qui n'a sauvegardé que quelques technologies de pointe déterrées et redécouvertes, notamment dans le domaine des armes. On vit dans de minuscules cités quasiment médiévales agrémentées d'objets électroniques étonnants, on se fait la guerre entre "citadins" et "troglodytes", on vit de la chasse ou de la prostitution, on dégomme quelques robots goguenards aux desseins mystérieux ; c'est d'ailleurs une toile de fond assez fascinante : alors que le système social, les relations entre les ethnies, le niveau hiérarchique, paraissent archaïques et provoquent un dépaysement passéiste, d'autres éléments, pour la plupart des objets (robots, fusils, collet automatique, énergie solaire...) nous projettent en plein sense of wonder. Notre personnage point-de-vue, Syn, flanqué d'un loup cybernétique, est tout rempli de questions sur l'origine de son monde, qui semble à nos yeux un microcosme : le "terrain couvert" au sein de la diégèse est étonnamment petit, on navigue sur une centaine de kilomètres au plus, ce qui laisse une importante part de fantasme marginal persister dans notre esprit : il se passe beaucoup de choses étranges sur ces quelques hectares, comment a pu devenir le reste du vaste monde, dont on a aucune nouvelle ni quasiment aucune information pendant tout le roman ?

 

Le roman se veut être une variation classieuse (en atteste les noms de chapitre en latin) et bien écrite du récit post-apo : on est pas très loin de L'été-machine de Crowley dans cette perte totale des origines, qui ne sont même pas parvenues à devenir des mythes. Et au niveau stylistique, c'est également très réussi, notamment cette exposition, empesée sans lourdeur si je puis dire, où l'on émerge lentement à la conscience de l'environnement en même temps que Syn hiberne puis se réveille. Réussi, mais avec de curieux ratés par moments, des dérapages incontrôlés, comme ce personnage qui va répliquer à un moment donné "C'est clair !" ou encore ces expressions toutes faites, trop faciles et qui surtout détonnent par rapport à l'exigence technique générale. La structure générale du texte n'a rien de complexe, avec point-de-vue principal puis un deuxième juste ponctuel (l'ami de Syn), une écriture qui se fluidifie intelligemment au moment de faire avancer l'intrigue et d'accélérer l'action. Mais ce qui transforme cet honnête roman en bel ouvrage, c'est une petite gourmandise textuelle qui consiste à faire intervenir, sporadiquement, un troisième point de vue dont on ne découvrira la nature qu'à la fin, mais dont on devine très vite qu'il est une entité robotique ou numérique : au niveau de la mise en page (et vous savez combien j'y suis attaché), cela se traduit par un alignement du texte à droite, et au niveau stylistique, par une empreinte poétique surprenante et très belle. Il y a, globalement, de très beaux passages, je pense notamment à cette découverte d'une cathédrale (dont la description suggère Notre-Dame de Paris ?) et à tous les questionnements qu'elle suscite. Le mystique est curieusement absent de ce futur baroque. Le mythe, la légende, sont en train de se créer, sous nos yeux, par des hommes tout neufs qui pourtant vivent sur les acquis du passé, dont ils ne connaissent pas l'origine. On ne peut jamais être tout à fait pionniers, semble nous dire Gessler.

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commentaires

N
<br /> et bien tu m'as donné très envie de le lire...<br /> quoique ça ferait un beau cadeau d'anniversaire pour mon frère fan de SF et fantasy...<br /> <br /> <br />
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