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  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 08:20

Devinez quoi : j'ai enfin le droit d'emprunter de la bande dessinée dans le complexe poly-culturel dans lequel je travaille nuit et jour. Normal, c'est mon rayon. Veinards : vous aurez régulièrement le droit à un compte-rendu drastique, quoi que synthétique, des oeuvres splendides que j'aurai eu le plaisir de découvrir. La vie n'est pas belle, non mais franchement, entre cette fabuleuse nouvelle, le début imminent de la Coupe du Monde de football et la sortie du nouveau Laviolette ?

 

 

Commençons par le meilleur : l'énorme claque reçue à la lecture des trois tomes de Pluto (Naoki Urasawa)(), qui doit être tout simplement un des meilleurs mangas que j'ai jamais lu. Thriller de science-fiction en hommage à l'oeuvre du grand Osamu Tezuka, créateur d'Astro Boy, Pluto tourne autour de splendides personnages de robots parmi les plus forts du monde dans un futur lointain à la géopolitique étonnamment proche de notre présent. Sept robots ont été envoyés il y a des années pour "rétablir la paix" dans le moyen-oriental empire de Perse (allégorie transparente de l'Irak) et se sont trouvés embarqués dans un massacre de civils. Parmi eux figurait Astro-Boy, mais aussi Gesicht, devenu depuis un robot-flic qui mène l'enquête pour découvrir l'assassin qui supprime un à un les sept robots en question, meurtrier qui semble avoir un rapport avec Pluto (c'est-à-dire Pluton de la mythologie romaine, dieu des enfers). Mise en scène impeccable et figures incroyables : voilà de magnifiques personnages de robots, chacun à sa manière expérimentant la frontière avec les émotions humaines (l'un fait des cauchemars, l'autre ressent la souffrance des animaux, etc.), les plus beaux que j'ai pu voir depuis l'adaptation de Blade Runner par Ridley Scott. Dans un tout autre style, les deux premiers tomes de Doubt (Yoshiki Tonogai)(), un manga construit comme un jeu à la manière de Battle Royale, DeatNote, ou plus vraisemblablement du film Cube, se sont avérés sympathiques, malgré un découpage un peu pénible et un dessin quelconque. Pour rester dans ce qui ressemble à du manga, poursuivons avec Rohan au Louvre (Hirohiko Araki)(), curieux essai de BD japonaise conceptuelle, où un jeune aspirant mangaka rencontre une jeune femme qui lui parle d'un tableau du Louvre doué de pouvoirs étonnants. Tout est dans le dessin, ou presque, et là, on peut adhérer ou pas du tout. Pour ma part, j'ai trouvé ça assez beau, ces corps déformés peinturlurés de pastel, bien que l'oeuvre semble rester une synthétique expérience formelle.

 

Ainsi démarre la fortuite série romaine de cette semaine : d'abord avec les deux premiers volumes des Aigles de Rome (Marini)(), empruntés par curiosité et sans rapport avec l'actualité. Comment dire, c'est très mauvais ? Au sein d'un scénario absolument imbitable et invraisemblable, deux faux frères baisent avec tout ce que la Rome antique peut générer de nanas super bonnes. Du pornus maximus sans intérêt. Beaucoup plus singulier, Pour l'empire (Merwan & Vivès)() présente une Rome conquérante et dévastatrice qui repousse les frontières. Mais que se cache-t-il au-delà ? Un commandant romain est sommé par l'Empereur de rassembler une troupe et de partir explorer la terra incognita qui ceint le monde connu. Cadres tremblés, découpage linéaire malgré les ellipses et les sauts temporels et géographiques, technique de dessin indéfinissable et étrangement belle, atmosphère sombre et incertaine, on est en pleine BD expérimentale. La gloire romaine se heurte à un mur d'incompréhension, à des promesses vides aux réponses dénuées de sens.

 

Au rayon comics à présent, voici à ma gauche Le Rayon de la mort de Daniel Clowes (), dans un style vintage et "poésie réaliste" placé sous la férule de Chris Ware. C'est l'histoire d'un type qui raconte son histoire, et son histoire c'est qu'il est devenu super-héros malgré lui, grâce à un pouvoir qu'il tient de son père : il acquiert une super-force dès lors qu'il fume une clope ! Pas mal du tout. À ma droite, le désormais adapté au cinéma Kick-Ass (Mark Millar & John Romito Jr)(), présenté comme le "comics des années 2000". Pour ça je ne sais pas, je ne m'y connais pas assez, mais il est certain que cette histoire de super-héros traitée sur le mode réaliste, avec pas mal d'humour (un ado dénué de tout pouvoir décide de devenir super-héros parce que, après tout, y a pas de raison, et se fait dérouiller toutes les dix pages) et une ambiance contemporaine rafraîchissante (on sort pour une fois des années 1950) dégage un certain capital sympathie.

 

Pour finir, la grosse déception vient de Manu Larcenet et de son Peu de gens savent... () Le principe : un texte qui présente une information loufoque sur un mode humoristique, en face un dessin qui illustre celle-ci. Le problème : ce n'est tout simplement pas drôle. Pour formidable bédéaste qu'il soit, Larcenet n'est pas un écrivain, l'humour formel bardé de formules complexes ne fonctionne pas une seconde, et les dessins semblent de curieux fonds de tiroir. Si encore lesdites informations loufoque étaient vraies, cela pourrait provoquer de la surprise et de l'étonnement, mais comme on pige très vite que c'est n'importe quoi et que l'on patauge dans le non sense le plus absurde, on attend des saillies drolatiques qui ne viennent jamais, ou rarement. Dans tous les cas, et malgré la joliesse de l'objet, c'est trop peu, et l'on attendra avec bien plus d'impatience la suite de Blast.

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commentaires

F
<br /> pour death note c'est pas un jeu c'est un cahier, pour doubt me fait penser au jeu du loup garou...<br /> <br /> <br />
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