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  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 20:11

Il faut s'y résoudre : la pression internationale qui entoure ce blog, avec pas moins d'une vingtaine de visites quotidiennes ces temps-ci, me pousse à rédiger un article malgré mon extrême fatigue. Que voulez-vous : en plein déménagement – avec ce que cela suppose de meubles à déplacer et de parquets à poser – je passe mes soirées à bricoler et mes matinées à me tordre de douleur pour cause de courbatures. Néanmoins, je continue à voir quelques films et à lire quelques bouquins, aussi vous en fais-je ci-après de brillants comptes-rendus que vous m'excuserez d'être trop parcellaires.

 

 

 

Technique ♦♦

Esthétique

Emotion ♦♦

Intellect  ♦♦

 

Avez-vous déjà revu un film quinze ans après l'avoir adoré ? C'est une sensation étrange, de connaissance totale pratiquée par usage de VHS, malgré tout enrobée du flou de l'oubli. C'est ce qui m'est arrivé en revoyant Mary Poppins, et j'ai été tellement fasciné par ce film que je l'ai regardé deux fois, d'affilée. Cette histoire de "nurse-sorcière" débarquée des cieux pour pouponner deux petites terreurs dans le Londres de 1910 est proprement cathartique, et magnifiée par des atmosphères visuelles parfois splendides, en pastels de rose ou de vert. Outre que ce film disneyen soit politiquement très ancré à gauche, ce qui n'a pas manqué de me surprendre, il se paye en plus le luxe de proposer une ambivalence morale : la mère de famille est une "miss-suffragette" présentée comme ridicule (elle lutte pour l'émancipation mais n'ose pas en parler devant son mari, elle s'amuse comme une gamine de "lancer des choses sur le premier ministre"), le mari un méchant banquier capitaliste mais capable de rédemption (oui, le scénario est quand même très chrétien), la nouvelle nounou magique affiche quant à elle une personnalité paradoxale, capable des plus grandes extravagances mais tempérée également par un recours systématique au traditionalisme pour "revenir au sérieux" ; le personnage de Bert, introducteur et narrateur, est par contre totalement versé dans la fantaisie, la solidarité sociale, et représentatif de la misère du petit travailleur (cf. la splendide scène de la danse des ramoneurs sur les toits, où toute cette fraternité convole dans la suie).

Ce qui est aussi particulièrement frappant, c'est le narcissisme de Mary Poppins : c'est simple, elle va passer tout le film à se regarder dans des miroirs (se faisant même "voler la vedette", ce qui la fâche, par son propre reflet lors d'une chanson), se faire photographier en prenant des poses suggestives, et s'auto-congratuler de sa perfection, sa beauté et du bien-fondé de ses préceptes moraux ambigus. Mais tout ceci masque une faiblesse : à la toute fin du film, alors qu'elle a "résolu l'équation" de cette famille déséquilibrée sur le plan moral et politique (déséquilibrée d'ailleurs physiquement et de nombreuses fois par les coups de semonce de l'étrange voisin "amiral"), son narcissisme se heurte à l'absence de public. Et si elle se mûre dans son assurance avant de remonter dans les cieux solitaires, l'on voit bien passer sur son visage l'ombre d'une jalousie, d'une envie et d'un attachement. Il faut d'ailleurs souligner l'excellente prestation de Julie Andrews, à la fois si familière et lointaine – aidée par une narration elliptique au découpage soigné. Ce qui l'est moins, c'est par exemple la mise en scène, assez banale, parfois même gênante lors de certaines scènes (celle surtout de la crise de rire au plafond). Un mot enfin sur les effets spéciaux, qui réussissent l'exploit d'être beaux (la bourrasque qui emporte l'assemblée de nurses au début) et transparents au niveau de leur intégration : tous les personnages vont passer leur temps à voler, virevolter, culbuter, sans que l'on s'en étonne le moins du monde, simplement parce que l'effet n'est pas placé au centre de la mise en scène, mais considéré comme un simple accessoire. Certains cinéastes contemporains feraient bien de s'en inspirer.

 

 

 

Technique ♦♦

Esthétique

Emotion ♦♦

Intellect  ♦♦

 

Pour continuer sur une lancée "Disney", voici venir l'étonnant Fantasia. Je ne sais pas grand chose des motivations qui générèrent cette idée, ni de le phase d'élaboration, mais je me souviens avoir lu un extrait d'interview du grand Walt en personne, qui disait en substance n'avoir rien compris à la mise en musique d'un film d'animation avant d'avoir fait Fantasia. Comprenons-nous : l'utilisation narrative de la musique dans un film n'est pas née comme par enchantement dans ce film, néanmoins il est certain qu'il a contribué à populariser cette manière de faire. De cette suite clips qu'est finalement Fantasia (entrecoupés néanmoins de très beaux à-partés, qui prennent délicieusement leur temps tout en éclairant superbement un orchestre d'ombres), je retiendrai finalement trois court-métrages : d'abord celui de l'Apprenti Sorcier, d'après Dukas et avec Mickey en guest-star, qui utilise le mieux et pleinement les vertus narratives de la mélodie (il est vrai que le morceau contient, dès le départ, les éléments fondamentaux, à commencer par le titre, de sa propre narration) ; ensuite l'épisode des dinosaures et de l'aube des temps, avec certains passages superbement animés ; enfin l'apothéose que constitue La Nuit sur le Mont Chauve superposée à un dessin cauchemardesque, aux figures fabuleuses, tordues et gouvernées par un impressionnant démon de la nuit. Cela fait peut-être partie de ce que j'ai pu voir de plus beau en terme de cinéma fantastique ou d'horreur.

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