Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
  • Contact

Recherche

18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 22:49

http://artfiles.art.com/images/-/Spider-Man-2---Sacrifice-Poster-C10300484.jpeg

 

♦♦♦

Technique ♦♦

Esthétique 

Emotion ♦♦

Intellect  ♦♦

Le passage d'un bon gros film de super-héros à la télé un soir de semaine, c'est la promesse d'une bonne escapade pop-corn dans son canap' en attendant les chocs cinématographiques présumés que seront La Route et surtout Max et les Maximonstres (rah que j'ai hâte). Qui plus est, un film de Sam Raimi, et estampillé comme une des meilleures adaptations de comics américains jamais réalisée. Ca dérange des gens, notamment des puristes, cette passion – lancée par Batman et Tim Burton notamment – du cinéma hollywoodien pour les comics. Moi je dis que ce n'est que justice : quand on voit l'importance culturelle, je dirais même l'impact profond, des types en collants dans l'imaginaire populaire de fiction aux États-Unis, je suis en fait surpris que ça n'ait pas été fait avant. Sans doute fallait-il attendre que soient acceptées cette foule de bédés adolescentes imprimées sur du papier dégueulasse en tant que référence culturelle légitime, ce que les fabricants de la culture officielle ont souvent du mal à entraver. Bref, Spiderman, personnage emblématique s'il en est, devrait proposer un spectacle de qualité perclus d'archétypes réjouissants, d'autant qu'il est pris en main, manipulé, par Sam Raimi, un grand bonhomme du cinéma bis.

 

Au début, on attend. Le générique d'ouverture est d'une mocheté incroyable, on se dit que c'est la concession faite par Sam Raimi aux hordes bêlantes prophétisées par les producteurs. Soit. Ensuite, Peter Parker est un adolescent boutonneux du genre assis au fond de la classe, sérieux, amoureux, passionné par les sciences, bref le prototype même de celui qui est en train de lire la BD ou de regarder le film. La demoiselle aimée est Kirsten Dunst, qui n'est donc pas vraiment Marie-Antoinette. Peter a un meilleur ami, dont la tête est normale, néanmoins son père est William Dafoe, qui ne se fait donc pas systématiquement émasculer par Charlotte Gainsbourg : autant dire que quelque chose cloche. Justement, la gentille classe de lycée visite une sorte de laboratoire d'expériences scientifiques. Comme ça arrive parfois dans ces cas-là, une araignée radioactive pique Peter Parker, lequel devient bizarre : il est plus fort, plus résistant, mais le must, c'est qu'il peut grimper sur les murs et s'accrocher avec un fil de toile d'araignée un peu partout. Bref, il est devenu Spiderman.



http://riftwave.net/blog/images/mjn1.jpg
J'ai cherché une image du film qui ne soit pas en numérique, et j'ai trouvé ça. Les nichons, c'est fortuit.
 

 

La bonne idée du film, c'est de passer un long moment à suivre la transformation de Peter. Bien évidemment, sa métamorphose en Spiderman est un symbole de sa métamorphose en adulte. Comme l'a si bien formulé Stan Lee dans le comics : "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités." C'est beau, c'est frais (mais je soupçonne qu'il ait emprunté ça à un politicien quelconque, genre Roosevelt ou Napoléon. Celui qui me renseignera sur la question gagnera un schweppes agrumes). Les premières péripéties de Peter sont, du coup, assez drôles, et la mise en scène prend soin de le mettre dans les pires dispositions possibles, à minimiser son embryon de pouvoir, à insister par le cadrage sur sa petitesse d'adolescent par rapport au tentacularisme d'une ville qui lui échappe encore, et que son pouvoir "d'homme" nouveau va pouvoir coloniser au moyen de sa toile. Car Spiderman, c'est vraiment ça : c'est le héros qui conquiert l'espace, y compris l'espace vertical – c'est ça qui est fort – au fur et à mesure de sa prise de responsabilité, et notamment de ses préoccupations morales : Parker n'endosse son vrai costume que lorsqu'il décide de le faire au nom de la justice, se rangeant spontanément du côté de la morale légale. Ce sera une lutte, néanmoins, puisque sa différence sera confondue avec celle de son ennemi le plus acharné (épisode classique de la vie du super-héros). Une autre bonne idée, c'est que Peter Parker est un jeune photographe, que par là-même il se trouve être le seul susceptible de... photographier Spiderman. Adolescent naturellement narcissique, il touche à la vie active en se mettant en scène lui-même : le pied (sa première tentative était d'ailleurs similaire : il profite de ses super-pouvoirs pour remporter un tournoi de catch, avec la starification épisodique que cela implique) !

 

Paradoxalement, c'est la faiblesse de ce héros, mais aussi du scénario : plus drôle mais moins ambigu et imprévisible que Batman par exemple, Spiderman dresse un archétype sommaire (tous les super-héros sont des archétypes) de la mutation à maturité. Comble de tout Sam, ton film est laid. C'était le mauvais moment pour employer ces effets spéciaux "totaux" qui occupent tout l'écran, voire même remplacent spooradiquement l'acteur (Toby Maguire, qui est, mouai...) alors même que l'incongruité de la représentation ne le justifie pas pleinement. À l'époque, le rendu était encore très rigide, et esthétiquement c'est indiciblement moche (remarque je connais très peu de films même très récents pour lesquels cette technique est réellement réussie ou jolie, les deux semblant incompatibles). En plus, outre quelques scènes rondement mises en scène, comme la tentative de corruption de Spiderman par le Bouffon Vert (disons simplement que le cadrage exprime correctement la domination de l'un par l'autre, ce qui est quand même un minimum), l'utilisation des effets spéciaux linéarise le cadrage et aplatit les arrières-plans, ce qui rend une grande part du film inintéressante. On regarde des cinématiques qui se veulent spectaculaires, voilà voilà, les scènes d'action se succèdent en alignant des clichés et des procédés déjà vus mille fois. Et tout ça est quand même relativement niais et infantilisant, on cherche en vain la petite folie, les surprises, les aspérités qu'on pouvait attendre de Raimi. Bof, le film est relativement mauvais, attendu, ne dissimule même pas les petites gourmandises que l'on décèle parfois en sous-main des gros blockbusters. Même Dafoe en fait des caisses pendant sa scène-clé face au miroir (cliché aussi d'ailleurs). Affirmons-le pour conclure : seuls Burton et Nolan ont pour l'instant fait un truc vraiment bien de leur super-héros, tout simplement en tirant à eux l'univers de Batman, au lieu de faire l'inverse comme Raimi ici.
Partager cet article
Repost0

commentaires