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  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 08:27

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/8/0/9/9782940329908.jpghttp://www.anglesdevue.com/rubriqueabrac/wp-content/uploads/2011/10/Jakolass-Valerian-Larcenet.jpghttp://www.story-bd.com/images/nouveautes/manga/43_16.jpghttp://www.manga-news.com/public/images/vols/soldat-de-sable-susumu-higa-lezard-noir.jpghttp://myboox.f6m.fr/images/livres/reference/0017/41/jardin-sucres-fabrice-parme-lewis-trondheim-9782756008493.gif

 

 

 

 

C'est un fait : les éditeurs BD attendent le mois de novembre pour déverser un torrent de merdes putassières dans les pauvres librairies qu'ont rien demandé. Du moins est-ce la tendance générale. Mais reconnaissons-leur un mérite également : c'est aussi la période où les oeuvres les plus prometteuses sont exposées à nos désirs les plus fous. Surtout chez les indépendants, qui dominent d'ailleurs la semaine. Je pense que depuis les débuts du Massacre, je n'ai tout simplement jamais connu une fournée d'un tel niveau.

 

Pour commencer, j'ai découvert un chef d'oeuvre : Lupus de Frederik Peeters (), réédité dans une splendide intégrale cartonnée chez Atrabile. L'exposition m'avait pourtant laissé sceptique : ce noir et blanc un peu étriqué bardé de texte présentant deux camés spatiaux, genre "Las Vegas Parano" en space-op, semblait promettre une suite bourbeuse. Et puis, par la grâce d'une narration exceptionnelle, au découpage rigoureux et précis, malgré tout susceptible de belles variations ponctuelles (cf. la scène de meurtre), m'a embarqué et captivé ; je n'ai plus pu décrocher jusqu'à la fin, tout lu d'une traite. Car si la tonalité choisie, celle d'une SF intimiste, réaliste et émotionnelle (très moderne comme choix) aurait pu me gonfler, la douce fluidité de l'intrigue, réhaussée juste ce qu'il faut par un fil rouge un peu "thriller", la cohérence des personnages et le surgissement de passages plus esthétiques et contemplatifs sur l'espace infini (surtout en début et fin de tome) composent une somme équilibrée dans le sublime. C'est un véritable classique de la science-fiction tous supports confondus que j'ai découvert là.

 

Et pourtant Larcenet avait tapé fort avec L'Armure du Jakolass (), son pastiche de Valérian publié chez Dargaud, et l'on sait combien je suis amateur de ce type, qui je le rappelle est le plus grand bédéaste français de la galaxie. L'idée de transposer l'univers d'un auteur dans l'univers de Valérian – qui fut une série de space op' français certes influente mais très naïve et pas follement intéressante de Christin et Mézières – est surprenante ; Larcenet s'en acquitte avec sérieux et talent. Il rend Valérian drôle en utilisant ses personnages de Chez Francisque avec tout le burlesque que cela suppose, et même beau avec le trait et l'esthétique qu'on commence à connaître mais qui surprennent toujours. Qui plus est, on a pas forcément l'habitude de voir le trait larcenien dans une intrigue de SF ; eh ben, ça fonctionne. On peut également saluer la superbe colorisation de Jeff Pourquié.

 

Après Peeters et Larcenet, Shigeru Mizuki, le maître du manga fantastique ! Je vous l'avais dit, qu'il y avait du lourd. Pourtant, c'est du Mizuki parfaitement réaliste qui est ici publié chez Cornélius dans un très beau volume cartonné nommé... Hitler ()! Il s'agit tout simplement d'une biographie séquentielle de ce sympathique artiste politicien du milieu du XXe siècle. Et c'est encore une BD fabuleuse ! C'est l'angle choisi par Mizuki qui fait tout le sel de cette énième oeuvre mettant en scène le gentil Autrichien : d'abord, il choisit de s'attacher à la vie de la personne, de l'homme, plus que du dictateur. On est proche des réactions d'Hitler, de ses émotions, de sa personnalité, beaucoup plus éloigné de l'environnement politique et militaire qui n'est que brièvement rappelé dans des textes en "off" pour remettre en contexte. On n'assistera à quasiment aucun atermoiement sur les horreurs perpétrées, les désastres de la guerre, les morts par millions, tout cela est considéré comme su, et ce n'est pas le centre du sujet : on est au courant que la guerre, surtout mondiale, c'est moche, ce qui nous intéresse ici c'est : comment un seul homme a pu faire qu'on en arrive là ? Ainsi, l'on est durement frappé par la réalité : Hitler était un pauvre type opportuniste qui a su profiter de la peur et des failles du système pour devenir le leader politique et le chef militaire qui plongea le monde dans une ère de massacres. Que l'intrigue s'attache à rester si proche de lui met en lumière non seulement la chance qui l'a conduit jusqu'au pouvoir, mais encore toutes les erreurs qu'il a pu faire, ce qui nous conduit à affirmer, une bonne fois : Hitler n'était pas un monstre mais un humain. Très faillible. Il est trop facile, comme le font les livres d'histoire, de le représenter comme un démiurge menaçant ; c'est dans sa figuration d'homme que son destin interpelle réellement, pragmatiquement. C'est là le deuxième coup de génie de Mizuki : se servir de visages caricaturaux et hyper-stylisés (sur fond de décors très réalistes, en plus, en parfait décalage) pour représenter le chancelier et tous ses potes ; l'ouverture des traits facilite l'identification et l'immersion, et en cela nous renvoie à notre propre responsabilité.

 

Enfin, deux petites choses sympathiques et imparfaites. Soldats de sable (Susuma Higa, Le Lézard noir)() comporte de nombreux points communs avec le Mizuki : Seconde Guerre Mondiale, personnages très stylisés, décors réalistes. Dans un style assez "old school", l'auteur nous raconte quelques courtes histoires de guerre focalisées sur le Japon et plus particulièrement sur l'île très stratégique de Okinawa. L'émotion est au rendez-vous et j'adore le style de dessin, volontairement naïf et adepte de fulgurances abstraites ; par contre la mise en scène n'est pas toujours fabuleuse, de même que le rendu des mouvements, ce qui donne malgré tout un déficit de maturité à ce volume globalement intéressant.

Jardins sucrés (coll. Shampooing chez Delcourt)() c'est le dernier Parme/Trondheim. C'est rigoureusement le même principe que Bludzee de Trondheim (euh... que tous les Trondheim en fait) : des personnages humains et animaux trop kawaii vivent des petites aventures rigolotes inventées au fur et à mesure. Bien, bien. Des gags en quatre cases, colorisation flashy, on ne saurait trouver ça désagréable, ni formidable non plus. Une petite surcrerie marrante avec des couleurs franches, à offrir à votre nièce comme je vais le faire moi-même. Eh mais c'est que c'est bientôt Noël !

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commentaires

F
<br /> Vous remarquerez aussi que toute cette BD n'est faite qu'avec des éléments copier/coller. J'ai poussé la méthode développée sur OVNI jusqu'au bout ;-)<br /> <br /> f*<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Merci pour la précision Fabrice, et merci de votre visite !<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Sauf que les premières page de Jardins sucrés datent de septembre 2006. Bludzee est né après, vers 2008.<br /> <br /> <br />
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