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  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 11:57

 

 

 

 

Lors de cette période professionnelle pour le moins chargée qu'est le mois décembre, alors que l'on est en devoir de rempoter trois fois par jour le lutrin sur lequel trône le dernier Blake & Mortimer (franchement, avez-vous déjà lu une BD aussi chiante ?) ou le dernier Largo Winch, raison garder devons-nous pour mettre en avant les quelques nouveautés que le public dédaignera d'emballer dans de jolis papiers rouge pour le jour de la naissance du Sauveur. Ce tour d'horizon, pour me faire pardonner d'avoir mis une BD de foot à l'honneur le mois dernier, portera l'empreinte de l'indépendant, du frais, de l'original.

 

En toute logique, c'est le Green Manor de Vehlmann et Bodart (Dupuis)() qui sera érigé en exemple et en BD de la semaine. Ce recueil de 16 "nouvelles" policières compactées dans un élégant volume en forme de grimoire est un pur délice, une somme de variations goûteuses autour de l'intrigue criminelle de type XIXe siècle, lorgnant volontiers vers Poe ou Chesterton. Même si les histoires ne sont pas toujours d'une folle originalité (on a plusieurs fois la sensation d'avoir déjà vu ça autre part), même si le dessin n'est pas fabuleux, avec notamment un format qui provoque une surcharge dans certaines cases et un découpage assez quelconque, les nouvelles du Green Manor possèdent une atmosphère, une élégance insidieuse, qui les rendent délectables.

 

Les deux premiers volumes de la série De cape et de crocs (Ayroles & Masbou)() réunis en une petite intégrale chez Delcourt, auraient parfaitement mérité de trôner en tête cette semaine, mais cette splendide série, magnifiquement écrite notamment, a déjà été défendue comme elle le mérite par notre cher Mika il y a de cela un bout de temps. Laissons donc la place aux jeunes. Agréablement surpris, également, par un volume de la série Le Casse (Chauvel & Denys, Delcourt), dont le principe est de présenter... un casse, spectaculaire et/ou célèbre, en changeant chaque fois de dessinateur et de scénariste. Le numéro que j'ai eu entre les mains (Soul Man)(♦♦), était tout à fait agréable, un peu alambiqué dans la narration avec plein de flash-back et de récits, souffrant également un peu d'une chute pas franchement originale, mais joliment réalisé.

 

Quelques tentatives plus regrettables néanmoins. Ayant enfin lu un recueil du dessinateur humoristique Voutch, en l'occurrence Les Mystérieuses alchimies de l'amour (Le Cherche-midi)(♦♦), je puis vous dire que ce n'est pas aussi infiniment drôlatique qu'on me l'avait décrit. C'est du gag en une case par planche, bossé à l'ordi avec un soin du détail notamment dans les arrières-plans, mais ce n'est pas non plus à vous faire tomber de rire de votre canapé. Côté manga, la série Bakuman (Ohba & Obata, Kana)(♦♦), je dois le reconnaître, se fait de moins en moins intéressante, ayant livré semble-t-il toutes les originalités de son scénario pour s'attacher maintenant à faire avancer l'histoire et les relations entre les personnages – dont on se rend compte qu'on se fout un peu. Plantage total pour la série Le Dernier maître de l'air (Roman, Wilgus & Joon Choi, Ankama)(♦♦), adaptée non pas de la formidable série animée mais du film très quelconque de Night Shyamalan, et visiblement réalisée par des tacherons sans âme. Avec un dessin aussi moche (trait scolaire, encrage merdique, etc.), difficile d'accrocher à une histoire qu'on a déjà vu en mille fois mieux dans l'anime.

 

Enfin, un objet difficile sorti tout droit de l'indé américain : Body World (Dash Shaw, Dargaud)(♦♦) marche sur les traces de Chris Ware et de la BD amerloque moderne, qui peut parfois se montrer aussi intéressante (Daniel Clowes, Mazzucchielli et son Asterios Polyp) que quelconque. Ici, Shaw essaie de nous faire changer nos habitudes de lecture, de provoquer le lecteur jusque dans son environnement, en proposant un format à l'italienne, mais lisible en vertical, et qui nécessite (ou pas) de se référer sans cesse à un plan quadrillé amovible pour localiser l'action. Ah ça, pour du neuf, c'est du neuf, mais en terme de confort de lecture, bon, on repassera. Sans doute est-ce là l'objectif avoué de l'auteur : nous bousculer. J'aime bien être bousculé, mais problème : si la réalisation est intéressante, composite, avec un découpage ultra-rigoureux (12 cases de taille égale par planche, de façon quasi inamovible) qui fait de cette BD une sorte de "livre-monde", l'intrigue n'est quand même pas passionnante, à part sans doute pour les fans de l'ultra-réalisme à la Peckar & Crumb (ça tourne autour d'un campus universitaire et d'un prof de sciences spécialiste des plantes hallucinogènes), et toute la conceptualisation dont je vous ai fait part ne semble pas mener à grand chose. À la fois intrigué, enthousiasmé et peu satisfait de l'oeuvre, je vous conseille donc simplement d'en faire l'expérience, ce qui n'est déjà pas mal.

 

 

Bonus : mon cadeau de Noël cette année : le fameux Art invisible de Scott McCloud (), la BD qui théorise la BD. Indispensable, cet ouvrage met à plat le fonctionnement du medium en insistant judicieusement sur les points cruciaux (l'ellipse entre chaque case, la temporalité, l'opposition réalisme/stylisation...). Certains chapitres sont un peu moins essentiels, un peu plus expédiés, mais qu'importe. C'est un outil critique absolument indispensable, disponible chez Delcourt, dépêchez-vous de l'acquérir ou c'est moi qui le fais.

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commentaires

N
<br /> Tu fais bien d'en parler, L'Art Invisible je vais finir par l'acheter...et pt'être bien à la Fnac !<br /> <br /> <br />
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