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  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 08:47

 

 

 

 

Le froid durcit les âmes et nous encourage à nous pelotonner au fond de nos couettes, une BD en main, et on l'espère drôle, puissante ou grandiose pour ne pas laisser le sommeil nous gagner. Cette semaine, encore une fois, c'est Lewis Trondheim qui emporte le trophée, et n'y voyez aucun lobbying de ma part dans la mesure où je ne suis pas un très grand amateur de ce que fait le petit Français au patronyme norvégien, notamment ses Petits riens très décevants si vous voulez mon avis (si vous le voulez pas, ne lisez pas ce qui précède). Mais il faut dire que, après un Omni-visibilis de belle facture, voilà qu'il renoue avec une intrigue gaguesque de type Lapinot – qui reste le meilleur truc que j'ai lu du monsieur – avec Bludzee (), hilarantes aventures en strips de six cases d'un petit chat perdu dans un monde fantastique et débile à souhait. Comme dans Lapinot, l'étonnement perpétuel vient du fait que le scénario est visiblement écrit au fur et à mesure, ce qui laisse poindre des situations très variées dont Trondheim cherche à chaque fois les meilleurs gags. La grosse différence tient dans une rigueur graphique beaucoup plus marquée, l'emploi de la couleur et la joliesse de l'objet en format à l'italienne. Pour décousue que soit l'histoire, Lewis parvient néanmoins à l'inscrire dans une logique de progression et on a même une vraie fin.

 

On disait que la semaine serait tintinesque : eh oui, l'adaptation prochaine du petit reporter au cinéma par Steven Spielberg (je suis curieux de voir ça, étant fan de Tintin et aussi de certains films du maître hollywoodien) donne des idées aux éditeurs, et même si ce n'est pas du tout une BD, il faut signaler ici la publication du Petit dictionnaire énervé de Tintin par Albert Algoud (), dans la collection désormais bien implantée des Éditions de l'Opportun. Entendons-nous avant : il y a deux sortes de tintinophiles : ceux qui entrent dans le moule étroit du détenteur des droits de la série, et ceux qui écrivent leurs exégèses en toute indépendance et sont généralement en procès avec ce dernier. Algoud est clairement de la seconde catégorie, ce qui le rend tout de suite sympathique. Son truc à lui, c'est l'inter-textualité, et sa manière de prolonger l'existence des personnages de fiction à la lumière d'indices subtils glanés dans les planches d'Hergé est réjouissante pour la bonne raison qu'elle est strictement similaire à ce que nous faisons aux Moutons électriques avec la Biblothèque rouge. Un exercice très plaisant, tant à lire qu'à écrire. La partie un peu pénible de ce Dictionnaire énervé (mais si on l'enlevait ce n'en serait plus un), c'est celle où Algoud règle ses comptes avec le petit milieu de la tintinophilie régulière et officielle ; on se serait allègrement passé de ces intrigues de couloir pour avoir plus de texte concernant le matériau fictionnel de Tintin, ce qui est l'intérêt principal de l'exercice, car quand il veut, Algoud peut partir dans des délires d'interprétation les plus délicieux qui soient. Curieusement, on reste proche de Tintin avec Toxic, le dernier Charles Burns (Cornélius)() : il n'y a qu'à jeter un oeil à la couverture, qui reprend dans une atmosphère inquiétante celle de L'étoile mystérieuse – quand bien même la pertinence de la référence m'échappe un peu. On a droit à de l'onirique trash dans un style indé américain qui n'est pas trop mon truc, à quelques exceptions près. Traversée de jolis passages notamment dans les basculements diégétiques (monde réel/monde onirique/flashback), Toxic me laisse dubitatif : j'ai l'impression d'avoir laissé passer du sens en route, sans doute à cause de la symbolique crypto-psychanalytique gonflante et de la fin très abrupte. Il y aura d'autres tomes, mais ce sera sans doute sans moi.

 

Pendant ce temps, les éditions Le Lézard noir continuent de publier des trucs sublimes : après L'île panorama, revoilà Suehiro Maruo adaptant Edogawa Ranpo avec La Chenille (), histoire d'amour entre une femme et son mari revenu de la guerre non seulement "gueule cassée", mais amputé des quatre membres. Sexuellement par contre, il fonctionne toujours, et leur relation va prendre un aspect cruel, sado-masochiste et passionné à la fois. Dans un style d'ero-guro (érotico-grotesque) ultra-réaliste, pour ne pas dire très cru (en fait j'ai rarement lu une BD aussi insoutenable et frontale), cela donne un dessin sublime et une histoire puissante, pas aussi vertigineuse que L'île panorama néanmoins, mais traversée par une onde de talent.

 

Outre la découverte sympathique de Buddy Longway (Derib, Le Lombard)() western moins con que la moyenne en ce qu'il se focalise sur la relation de couple entre une indienne et un trappeur au lieu de resservir les sempiternels cow-boys contre bandits, il n' y a pas eu que du bon cette semaine, croyez-moi. Commençons par le manga alphabétique tiens, Arata (Yuu Watase, Kurokawa)(), en soi la moins mauvaise bouse shonen que j'ai lu ces derniers temps en tenant cette chronique (c'est l'histoire d'un gars du monde réel qui échange sa place involontairement avec celle d'un autre gars dans un monde de fantasy...), mais qui souffre cruellement de la comparaison avec une lecture japonaise parallèle que j'ai en ce moment : la série Berserk. Voilà un manga qui envoie ! Superbement dessiné, structuré autour d'une intrigue classique de fantasy, qui prend le temps de se dévoiler lentement (c'est le gros problème des séries qui sortent actuellement : leur empressement à vouloir livrer les enjeux de l'histoire pour accrocher le lecteur le plus vite possible), avec un personnage principal charismatique et mystérieux, et surtout dénué de toute niaiserie, enfin ! Bon, de toute façon on ne pouvait pas faire pire que Ogregod (Jodorowsky & Janjetov, Delcourt)(), vaste salade de clichés science-fictifs qui lorgne de trop près sur Avatar de Cameron et empile les lieux communs (race extraterrestre exploitée, orgueil de l'homme face à la différence, etc.) tandis que le dessin reste quelconque, voire même très laid dans la modélisation "photo-réaliste" des visages extra-terrestres bleus. Je l'avais pris parce qu'il y a un gros ver avec des dents sur la couverture, et j'aime beaucoup les vers géants, d'ailleurs je vais aller me mater Tremor, ça fait longtemps !

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commentaires

M
<br /> T'es en train de te faire berserk?!Cool! Jvais en faire une chronique dès que possible<br /> <br /> <br />
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