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  • : Le Massacre
  • : " On a qu'à appeler ça Le Massacre alors. " Mickaël Zielinski, Nicolas Lozzi, mai 2009.
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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 10:15

http://www.milady.fr/img/upload/1104-victoire.jpghttp://www.humano.com/assets/CatalogueArticle/35674/Gulliveriana_comp_original.jpghttp://www.bdtresor.net/img_produits/bd%20bdtresor%20spirou%20dream%20team%20marcinelle%20blues.jpghttp://www.tribulles.com/img/products/saving_human_being.jpghttp://www.fant-asie.com/wp-content/uploads/2010/05/Le_crepuscule_des_dieux.jpghttp://images.ados.fr/mes-copines/photo/6357847635/manga-anime/blazer-drive-240282553e.jpghttp://www.tribulles.com/img/products/do_androids_dream_of_electric_sheep_comics_ep.jpg

 

 

 

 

Pourquoi manichéenne ? Parce qu'on y trouve, nettement contrastées, des oeuvres très bonnes ou très mauvaises. La palme de la semaine ira, comme souvent, à l'initiative originale, et elle nous arrive sous la forme de Dr Grordbort présent Victoire : violence et aventures scientifiques pour jeunes hommes et femmes éduquées (Greg Broadmore, Milady)(♦♦). À la lecture du sous-titre à rallonge, vous aurez sans doute compris que Victoire (pour abréger) verse dans le rigolo, le drôle et l'amusant. Parodie de magazine anglais militariste, hégémoniquement sponsorisée par le fictif Dr Grordbort, fabriquant d'armes et de matériel belliqueux, cette BD débraye encore davantage en présentant un atour steampunk déjanté. Gros bordel mixant documents zoologiques (de Vénus ou de la Lune), catalogue d'armements improbables, courts passages narratifs sur les exploits du vétéran lord Cockswain, grande soupe propagandiste, xénophobe et traditionaliste, Victoire, ce document bizarre dessiné par un néo-zélandais, dessine en filigrane une uchronie néo-coloniale aussi fine que marrante. Quel drôle d'objet, qui plus est fort bien fabriqué avec un papier couché hyper épais et une jolie couverture rigide !

 

Il y a trois autres bonnes bédés dans la sélection. Un petit Milo Manara peut-être ? Servez-vous ! La dernière réédition, Gulliveriana (Manara, Humanoïdes associés)(♦♦), est un petit plaisir : décelant tout le potentiel érotique que peuvent contenir les Aventures de Gulliver de Swift, le grand spécialiste italien de la BD érotique change le sexe du personnage principal et s'amuse à pervertir toutes les péripéties pour imaginer quantité de situations nouvelles, autant d'occasions de démontrer sa fantastique exécution du dessin de corps féminin sous toutes ses positions. Plutôt bien foutu, et surtout très drôle. Encore un décalage parodique (décidément, j'aurais dû appeler cette semaine la "Semaine parodique", non ?) dans Spriou dream team "Marcinelle Blues" (Yann & Léturgie, Dupuis)(♦♦) : auto-parodie devrait-on dire, puisque ce sont les éditions Darpuis-Longkanard (transparent Dupuis-Dargaud-Lombard) qui seront moquées tout au long des gags de quelques pages composant ce recueil. Le milieu de l'édition, et en particulier donc la maison abritant le journal de Spirou, y est vitriolé par deux auteurs pas tombés de la dernière pluie : actionnaires masqués, auteurs mégalos, directeurs de publication serviles, tous pastichés en animaux, se font défoncer à longueur de planches, les cases sont surchargées de détails humoristiques, les textes de jeux de mots foireux, chaque parcelle des personnages/lieux/événements incriminés recèle son lot de piques amères. Pour autant, cela reste de la BD pour fan/libraire/auteur/éditeur de BD ; le grand public risque de ne pas y paner grand chose. En ce qui me concerne, je suis diablement client de cet humour-là, et me suis plus d'une fois esclaffé, dans mes toilettes ou sur mon canapé. Terminons les bonnes choses par ce splendide volume traduit du chinois, Saving human being (Zhang Xiaoyu)(♦♦), encore une pépite dénichée par Ankama (mais comment font-ils ?). Sur une planète semi-désertique, un robot utilitaire (sa fonction est "d'aider les humains") se retrouve sans tâche dès lors que son maître meurt de soif. Réglé par sa logique interne, il rejoint un nouveau groupe d'humains, une maman et sa fille, pendant que la guerre fait rage. Sous forme d'une fable humaniste en trois actes, cette BD fort bien dessinée, dans un style "SF réaliste", se tient comme il faut grâce à un découpage élégant, un scénario pas franchement original mais écrit avec précision, un point-de-vue bien campé par le personnage principal robotique. Un peu sage peut-être ? mais joliment exécuté.

 

Il y a enfin de la grosse daube dans la production actuelle, notamment à cause de certains producteurs toulonnais. Prenons par exemple notre BD alphabétique de la semaine : Le Crépuscule des Dieux (Jarry & Djief, Soleil)(♦♦) part d'une bonne intention, changer un peu de la fantasy gâteuse habituelle de chez Soleil pour nous emmener sur les sentiers enneigés de la mythologie nordique, avec Thor, Asgaard et tous ces trucs-là. Malheureusement, les défauts inhérents à la plupart des séries Soleil restent présents : dessin laid, personnages inexpressifs, narration foireuse, d'où histoire pas intéressante. Concédons une ou deux pleines pages assez jolies, contrebalancées par un ton sentencieux perpétuel et insupportable. Ce qui me fait dire que Soleil, finalement, n'est jamais aussi bon qu'en faisant des trucs épiques, marrants et parodiques (et zou, on  rejoint notre sujet, trop fort), exercice pour lequel ils sont capable d'exceller (cf. Lanfeust, tout bêtement). Passons rapidement sur Blazer Drive (Seishi Kishimoto, Kurokawa)(♦♦), shonen merdique de la semaine, que dis-je ? du mois ! de l'année ! Cette fois-ci, l'objet de décalage permettant le processus révélation/formation/acquisition/dépassement de tout shonen qui se respecte est... un sticker qu'on se colle sur la peau pour bénéficier d'un pouvoir quelconque. Bref... Abordons enfin une de mes plus grandes déception de 2011 pour l'instant, l'adaptation de Do androids dream of electric sheep (Tony Parker, chez Emmanuel Proust)(♦♦), roman de Philip K. Dick plus connu sous le nom de Blade runner depuis sa splendide mais néanmoins éloignée transformation en film par Ridley Scott. Tony Parker, qui n'est pas basketteur, n'est pas non plus auteur de BD, voilà le problème. Imaginez, dans un découpage absolument incohérent, des dessins noirâtres d'une laideur immondes, envahis par le texte du roman d'origine ! Mais à quoi ça sert-il donc de faire une BD si c'est pour remplir la moitié de la planche par des pavés de texte ? La BD est un art visuel bordel, c'est la construction, la mise en scène, le cadre, le découpage, qui doivent transmettre l'essentiel du sens ! À un moment donné, je vous jure que c'est vrai, on a le personnage principal qui dit un truc, et sous la bulle un petit pavé mentionnant : "dit-il prudemment" ! Quelques bulles plus tard, rebelote : "dit-il, lugubre" ! Non mais franchement c'est pathétique ! Combien Warren Ellis a-t-il été payé pour pondre son élogieuse préface, voilà ce que je me demande. J'accable monsieur Parker mais en fait tout s'explique par une notule en page de copyright : "À l'initiative de la famille Dick, cette adaptation en BD du roman [...] reprend dans son intégralité le texte original de l'écrivain [...]" Fatal error. Fallait pas les prévenir.

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commentaires

M
<br /> Je viens de lire Saving Human Being, et ça a été pour moi une claque dans la gueule. Scénario pas très original certes, mais quel graphisme! Et pas si sage que ça au vu des aventures que vie le<br /> personnage principal. En tout cas mon ptit Nico, je suis de ton avis, les editions Ankama font vraiment du bon boulot!<br /> <br /> <br />
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